Archéologie médiévale

Archéologie médiévale

Archéologie des châteaux et des habitats perchés

 

Mardi 8 novembre 2016

Autour du château des comtes de Toulouse de Vaison
Isabelle Cartron, professeur d’archéologie médiévale, Université de Bordeaux

Mardi 29 Novembre

Le palais de papes d’Avignon
Dominique Vingtain, conservateur du Palais des Papes

Jeudi 12 janvier

Actualités archéologiques de Vaison-la-Romaine
Jean-Marc Mignon, archéologue du département

Une intervention archéologique récente, au nord de la place de Montfort, a donné l’occasion d’explorer quelques dossiers archéologiques relatifs aux périodes antique, médiévale et moderne de ce quartier de Vaison-la-Romaine. Pour l’Antiquité romaine, il s’est agi de faire le lien avec les découvertes récentes de la place de Montfort (2010/2011) et de l’ancien Cinéma « le Lynx » (2012), mais également de revoir de nombreux signalements anciens, dont celui de la découverte de la fameuse inscription gallo-grecque à Belesama. Pour la période médiévale, il a été possible de préciser les informations disponibles sur l’église Notre Dame des Champs, qui a donné son nom au quartier au XIXe siècle et qui n’a finalement pas complètement disparu. Enfin, pour la période moderne, la recherche a concerné le Couvent des Cordeliers, réputé disparu lui aussi mais en partie conservé dans le bâti actuel. Six mois de recherches, dans les Archives Départementales et les Archives Municipales de Vaison, ont permis de faire des avancées significatives dans ces différents domaines, révélant des édifices oubliés de Vaison-la-Romaine.

 

Jeudi 9 mars

Andone (Charente) : la vie quotidienne dans une résidence comtale de l’an mil
Luc Bourgeois, professeur d’archéologie médiévale, Université de Caen

Le château d’Andone demeure la seule résidence de la grande aristocratie des environs de l’an mil qui ait fait l’objet d’une fouille exhaustive en France. Fondé vers 975 par les comtes d’Angoulême, il est définitivement abandonné entre 1020 et 1028. Les fouilles menées par André Debord de 1972 à 1995, puis par Luc Bourgeois en 2004-2005, ont révélé une petite enceinte en pierre occupant 2000 m2, abritant un bâtiment aristocratique et plusieurs annexes bien conservées. Des dizaines de milliers d’objets  illustrent la vie d’une grande famille de cette période. Des armes à l’équipement des chevaux, des jeux de société à la cuisine, du travail de la forge à la chasse, toutes les activités quotidiennes des deux générations qui ont fréquenté le site peuvent être abordées. Si les habitants se côtoient dans une grande promiscuité et une hygiène très relative, quelques objets de luxe exotiques et de nombreux accessoires aristocratiques illustrent le caractère exceptionnel de ce petit château rural tenu par une famille issue de la dynastie carolingienne.

Luc Bourgeois est professeur d’archéologie médiévale à l’Université de Caen Normandie et directeur de la revue Archéologie médiévale. Il s’intéresse aux lieux et aux objets du pouvoir entre le début du Moyen Âge et le XIIIe siècle, en particulier à l’origine des châteaux, à la genèse des petites villes médiévales et aux relations entre les hommes et les objets.

 

Mercredi 22 mars

Perchements et déperchements des castra provençaux
Nicolas Faucherre, Professeur d’histoire de l’art et d’archéologie médiévales

Contrairement à ce que supposait le modèle de l’incastellamento* l’habitat en Provence ne s’est guère structuré, entre la fin du Xe siècle et le XIe siècle, dans la dépendance des sites fortifiés. De plus en plus nombreux, les castra n’en dominaient pas moins des terroirs caractérisés par une multiplicité de pôles d’habitat et d’églises. Ce n’est que vers 1200 que les édifices castraux ont pris des formes matérielles plus monumentales et ont entraîné une concentration de l’habitat sous leur protection. Le meilleur exemple provençal de ce phénomène d’enchâtellement est fourni, dans le domaine de l’archéologie, par la fouille et l’étude célèbres de Rougiers**.
Si l’on s’appuie sur les exemples fouillés récemment en Languedoc, la chronologie des déperchements de sites urbains fortifiés s’étend au demeurant sur une beaucoup plus longue durée, allant de la période de la paix carolingienne jusqu’au pic de refondations en plaine qu’a constitué la Croisade albigeoise du premier XIIIe s. En Provence, ce sont essentiellement les deux grandes crises économiques et démographiques que constituent la guerre de Cent Ans dans les années 1350-1450 et les guerres de Religion (1562-1629) qui voient l’abandon de nombreuses forteresses et la désertion de nombreux castra. Le redéploiement de la population au sortir de celles-ci — paix revenue et hommes moins nombreux pouvant choisir les terres les plus riches —, puis l’exode rural des années 1850-1950, entrainent la ruine et l’oubli de nombreux habitats perchés issus du Moyen Age.

*Incastellamento est un terme provenant de l’italien et traduit en français par « enchâtellement ». Dans la plupart des cas, ce mot désigne l’action de fortifier des habitats par un château, en particulier à l’époque médiévale.

**Située au nord du massif forestier de la Sainte Baume, Rougiers est un petit village du Var dont le premier bourg castral est mentionné dans les années 1040 et dont les vestiges de l’ancien village et du château du XIIe siècle sont du second bourg castral.

Nicolas Faucherre est Professeur d’histoire de l’art et d’archéologie médiévales (Aix-Marseille Université) et Directeur du laboratoire d’archéologie médiévale et moderne en Méditerranée (LA3M, UMR 7298 – CNRS). Il a été professeur d’histoire de l’Art à l’université de Nantes, archéologue et historien spécialiste des fortifications. Il a analysé les 151 sites fortifiés selon les projets de Vauban qui subsistent dans le monde et, dans ce cadre, a été sollicité comme expert par le Réseau des Sites Majeurs Vauban. Il enseigne également à Paris, à l’École de Chaillot (formation des architectes du patrimoine) et à l’École du Louvre (archéologie militaire). Docteur ès lettres, il est aussi l’un des plus éminents spécialistes de la fortification classique en France.

 

Mardi 28 mars

Les habitats de hauteur (castra et oppida) de l’arc méditerranéen de la Gaule à travers les fouilles du Roc de Pampelune et de la Malène
Laurent Schneider, directeur de Recherche à l’École pratique des hautes études en sciences sociales

Il sera question des établissements de hauteur, occupés entre le Ve et le IXe siècle de notre ère. L’exposé des premiers enseignements apportés par les récentes campagnes de fouilles conduites en Languedoc et en Provence a permis de s’interroger sur la forme et la fonction de ces sites particuliers qui occupaient une place à part dans l’historiographie régionale.
Depuis l’après-guerre en effet, ces habitats de hauteur, ces oppida du Bas-Empire comme on les a parfois dénommés, ont été systématiquement interprétés comme des habitats indigènes de refuge, nés dans le contexte des « invasions barbares ». Un réexamen de la documentation et l’ouverture de nouvelles fouilles montrent que ces sites sont en fait beaucoup plus diversifiés qu’on ne l’avait d’abord soupçonné.
La question du statut de ces habitats de hauteur doit dès lors être abordée à partir d’un large éventail d’hypothèses. L’hypothèse du refuge indigène aux occupations éphémères destiné à la protection de populations paysannes apeurées par la menace « barbare » ne peut plus prétendre s’appliquer à tous les cas de figure. L’analyse de ce phénomène de perchement et de création de nouvelles agglomérations implique de poser des questions plus larges, notamment en s’interrogeant sur leurs rapports avec les chefs-lieux de cité à un moment où la mise en place des cadres de l’organisation ecclésiastique entraîna une nouvelle hiérarchisation du réseau urbain jadis déterminé par les politiques de César et d’Auguste.
Archéologue de terrain et historien médiéviste, spécialiste de la France méditerranéenne de l’Antiquité tardive jusqu’au cœur du Moyen Âge, L. Schneider travaille sur les questions liées aux dynamiques de transformation des systèmes d’habitat et de peuplement. Engagé dans plusieurs programmes de recherches régionaux, il est l’artisan d’un nouveau dialogue entre sources écrites et sources matérielles aux frontières de l’histoire et de l’archéologie.

 

Mardi 4 avril

Le château d’If
Françoise Paone, archéologue

Un diagnostic archéologique préalable à la réalisation de lieux d’accueil des visiteurs a été réalisé sur l’île du château d’If, édifié sous François Ier au XVIe siècle, devenu forteresse sous Vauban au XVIIe siècle. La fouille des sous-sols a permis de découvrir l’abside de l’ancienne chapelle, les vestiges de bâtiments annexes et de mieux connaître la chronologie de la construction du site. C’est la première fois qu’une telle investigation a lieu sur ce site. Cette opération, menée en collaboration avec des historiens et des archivistes, est l’occasion de redécouvrir l’histoire de cette forteresse qui s’avère être le premier fort de l’État moderne.

Archéologue depuis 1990, ingénieure de recherche à l’Institut national de recherches archéologiques préventives, François Paone est également membre du Centre Camille Jullian-CNRS. Elle a mené de nombreux chantiers de fouilles en Provence et principalement à Marseille, portant plus particulièrement sur la ville depuis l’Antiquité tardive jusqu’à l’époque moderne. Ses travaux concernent aussi bien les édifices religieux (groupe épiscopal de Marseille, abbaye de Montmajour…) que les architectures militaires (fort Saint-Jean et château d’If à Marseille) et civiles (Marseille, Istres, Avignon, Tarascon). Outre plusieurs articles portant sur ces thématiques de recherche, elle a codirigé l’ouvrage Fouilles à Marseille : la ville médiévale et moderne, paru en 2011.
Elle viendra avec Philippe Rigaud, historien, présenter les résultats de leurs travaux sur le château d’IF dans le cadre du projet de restauration  conduit par le Centre des Monuments Nationaux.

 

Jeudi 4  Mai 2017

Vaison dans l’Antiquité tardive
Caroline Michel d’Annoville, professeur d’archéologie de l’Antiquité tardive, Université de Paris-Sorbonne