Archéologie antique régionale

Archéologie antique régionale

Les jeudis

Avec l’idée d’aborder une discipline en proposant des conférences qui regardent vers l’extérieur sans renier nos attaches vaisonnaises, l’option archéologie s’inscrira délibérément dans la période antique et dans notre région du Sud de la France, la Gallia narbonensis. Elle sera l’occasion de donner la parole à des archéologues qui ont développé un domaine de recherche d’excellence, portant sur des territoires spécifiques, ville ou campagne, des activités humaines, architecture, sculpture, commerce ou agriculture, ou bien des pratiques, funéraire et religion. Les conférences nous mèneront dans la capitale régionale, Narbonne, pour nous intéresser au plus grand port de Gaule au Ier siècle de notre ère, à Aix-en-Provence, plus ancienne ville gallo-romaine de narbonnaise, à Saint-Paul-Trois-Châteaux, petite ville gallo-romaine à la campagne, dans la cité des Volques Arécomiques, pour évoquer l’activité viti-vinicole antique dans la campagne nîmoise, mais également dans la capitale des Gaules, Lyon, pour en découvrir les témoins éloquents de sa parure architecturale monumentale, et plus largement en Narbonnaise pour évoquer les pratiques funéraires à partir de sites remarquables ou bien encore évoquer la période de la fin de l’Antiquité, caractérisée notamment par l’évolution de la représentation sculptée.

1. Jeudi 13 novembre 2014

Fermes et villas romaines dans la région de Nîmes
par Loïc Buffat,
Archéologue, Responsable scientifique et technique, Mosaïques Archéologie

Les villae font partie des réalisations les plus admirées de l’époque romaine. Elles servent généralement à symboliser les campagnes romaines. Ceci a eu des répercussions sur la recherche archéologique, puisque l’attention s’est souvent focalisée sur ces édifices. Par voie de conséquence, d’autres formes de l’habitat rural ont été négligées. Cela a été longtemps le cas des petites agglomérations. Mais une politique volontariste a permis de corriger ce déséquilibre. Aujourd’hui l’attention se concentre sur des édifices plus modestes que l’on a pris l’habitude de désigner sous le nom de « fermes ». Ces fermes avaient peu retenu l’attention car elles sont souvent de petites dimensions et dépourvues des installations luxueuses qui caractérisent les villae. Désormais, l’intérêt qu’on leur porte invite à revaloriser leur place dans l’exploitation des campagnes romaines.

 

2. Jeudi 27 novembre 2014

Une petite ville à la campagne en Gaule méridionale: Saint-Paul Trois-Châteaux
par Mylène Lert,
Conservatrice du musée d’archéologie de Saint-Paul Trois-Châteaux

Durant l’Antiquité, Saint-Paul-Trois-Châteaux était une colonie romaine nommée Colonia Augusta Tricastinorum. Son urbanisme primitif a été révélé récemment par les découvertes fortuites, puis des fouilles programmées et des diagnostics archéologiques qui ont accompagné l’accroissement de l’agglomération actuelle. Fondé aux alentours du changement d’ère, en plein cœur du territoire des Gaulois Tricastini, ce chef-lieu de cité avait tout d’une grande ville romaine : enceinte, monuments, aménagements hydrauliques, quartiers résidentiels et artisanaux…
Mylène Lert livrera lors de cette conférence une image concrète de la capitale des Tricastini.

Mylène Lert a élaboré une synthèse de l’urbanisme de cette ville en publiant un Atlas topographique (supplément 39 à la Revue Archéologique de Narbonnaise) avec le soutien du programme collectif de recherche (PCR) « Atlas topographique des villes de Gaule méridionale ». Des spécialistes et des acteurs de l’archéologie se sont réunis pour la réalisation de ce volume autour de Mylène Lert dont Michèle Bois, de l’association Archéo-Drôme et Valérie Bel de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP) et Véronique Blanc-Bijon du Centre Camille Jullian (CNRS) qui a apporté son expertise à l’étude des mosaïques.

 

3. Jeudi 11 décembre 2014

La plus ancienne ville de la Narbonnaise: Aix-en-Provence
par Nuria Nin,
Conservateur en chef du Patrimoine, Responsable de la Direction Archéologie de la ville d’Aix-en-Provence

Agréée par l’État comme opérateur en archéologie préventive depuis octobre 2006, la Direction Archéologie d’Aix-en-Provence a effectué, ces six dernières années, près d’une centaine d’opérations qui ont été menées autant sur l’espace urbain que sur le domaine rural. Ces recherches qui restituent, par touches, l’histoire de la longue occupation de la ville d’Aix-en-Provence et de son territoire, ont notamment mis en lumière des périodes anciennes qui étaient jusqu’alors très peu connues, telles la Préhistoire et la période gauloise.

Nuria Nin est auteur et coauteur de plusieurs ouvrages sur Aix-en-Provence, dont Aix en archéologie – 25 ans de découvertes, publié en 2014

 

4. Jeudi 15 janvier 2015

Sur la difficulté de dater les monuments publics et les postulats concernant l’importance du règne d’Hadrien dans l’architecture. L’exemple de Lugdunum au Haut-Empire.
par Djamila Fellague,
Maître de conférences, Université Pierre-Mendès-France (Grenoble)
Chercheur au CRHIPA (Grenoble), chercheur associé à l’IRAA (CNRS, Lyon)

En Occident, l’époque qui s’étend de l’avènement de Vespasien jusqu’au milieu du IIe s. est florissante. Après le grand développement urbain de l’époque augustéenne, qui s’est poursuivi durant le règne des julio-claudiens, les règnes de Trajan et d’Hadrien en particulier font généralement figure d’âge d’or de l’architecture romaine (si l’on excepte l’Afrique du nord ou l’apogée est placé sous les Sévères).
Sans surprise, ce schéma se vérifie à Lugdunum, capitale de province et l’une des villes les plus importantes des Gaules. Le dynamisme de l’activité édilitaire à Lugdunum paraît hors de doute pour l’époque flavienne et la première moitié du IIe siècle, mais nous ne sommes pas toujours capables de situer les phases de construction des édifices sous le règne d’un empereur en particulier. Les difficultés pour déterminer une chronologie des édifices sont nombreuses.
En dépit de l’absence de critères chronologiques assurés, l’idée persiste, à Lyon comme ailleurs, que le règne d’Hadrien (117-138) fut une période particulièrement importante dans le domaine de la construction publique. Plusieurs édifices sont encore généralement datés de l’époque d’Hadrien, malgré l’absence de fondement ou la fragilité des fondations sur lesquelles reposent les interprétations.
Cette attribution excessive des monuments publics au règne d’Hadrien ou à l’empereur lui-même est une tradition ancienne. Pour la conserver, des raisonnements circulaires ont été développés et un certain nombre d’arguments ont été recherchés, mais ils reposaient sur des interprétations erronées ou hasardeuses d’une sculpture, d’une inscription, de pièces d’architecture ou de l’usage d’une technique de construction. Ce qui est devenue une foi est si bien ancrée que ces datations ont parfois été conservées par ceux-là même qui ont détruit les arguments avancés anciennement pour les justifier.
D’un point de vue historiographique, ce dossier nous interroge sur l’objectivité du chercheur et la démarche scientifique. Il révèle également toute la force d’une idée et des traditions qui ont poussé à échafauder un système d’argumentation circulaire. Cette obsession des datations hadrianiques est loin de toucher seulement l’archéologie lyonnaise et le problème de la datation d’ouvrages rejoint celui, plus général, du rapprochement forcé et forcené entre les vestiges et les textes.

Curriculum Vitae

CURSUS UNIVERSITAIRE
2001-2007 : Doctorat en Histoire de l’Art et Archéologie soutenu le 8 décembre 2007 à l’Université Lumière Lyon 2. Titre de la thèse : L’architecture publique de Lugdunum. Les monuments et leur décor du Ier s. av. J.-C. au IIIe s. ap. J.-C., sous la direction de J.-Ch. Moretti. Trois volumes avec 761 pages de texte et 460 pages d’illustrations. 
Mention : très honorable avec les félicitations du jury. 
Composition du jury : P. Gros (Professeur émérite à l’Université de Provence), J.-Ch. Moretti (DR2 au CNRS, IRAA de Lyon), S. F. Ramallo Asensio (Professeur à l’Université de Murcia), D. Tardy (CR1 au CNRS, IRAA de Pau), A. Desbat (DR2, UMR 5138 de la Maison de l’Orient).
2001- 2004 :   Allocation de recherche de l’Université Lyon 2.
Juillet 2004 :   Bourse de L’École Française de Rome pour effectuer des recherches en bibliothèque dans le cadre de la thèse.
2000-2001:  D.E.A. d’Histoire de l’Art et Archéologie soutenu le 22 juin 2001 : Le décor architectural gallo-romain de Lyon : les chapiteaux. Contribution à l’étude du décor architectural de Gaule et à la connaissance de l’architecture lyonnaise, sous la direction de J.-C. Béal, MCF Université Lumière Lyon 2. Deux volumes avec 304 pages de texte et 185 pages d’illustrations. Note du mémoire : 18/20.
1999-2000 :   Maîtrise d’Histoire de l’Art et Archéologie soutenue le 21 juin 2000 : Les mausolées gallo-romains de Trion à Lyon, étude historiographique et architecturale, sous la direction de J.-C. Béal, MCF Université Lumière Lyon 2. Deux volumes avec 262 pages de texte et 200 pages d’illustrations. 
Note du mémoire : 17/20.
ACTIVITES DE RECHERCHE
Étude du temple de la Fortune Auguste à Pompéi et de sa décoration

Depuis juillet 2010 : collaboration à l’étude architecturale du temple de la Fortune Auguste à Pompéi, sous la direction de W. Van Andringa (Université Lille 3). Notre travail, en collabortion, consiste à examiner les pièces d’architecture erratiques du temple, en commençant par les corniches de placage. L’objectif est non seulement de restituer la décoration du temple, mais aussi de reconstituer l’histoire du temple à travers sa décoration (existence ou non de deux phases augustéennes ? conséquence du tremblement de terre de 62 apr. J.-C. ?…) et de situer l’ornementation architecturale de l’édifice au sein de la décoration des édifices de Pompéi.

Études de la décoration architecturale de Baelo Claudia (Espagne)
– Depuis septembre 2009 : étude du théâtre avec une équipe dirigée par M. Fincker (IRAA).

– Février 2010 : étude du décor architectural de la basilique grâce à une bourse de la Casa de Velázquez. Les observations réalisées ont servi à la rédaction d’un chapitre dans la monographie consacré à l’édifice (La basilique. Belo IX, sous presse).

Étude de pièces d’architecture de Poitiers
– Depuis février 2012 : étude de quelques pièces d’architecture exhumées dans la fouille préventive de la nécropole des Dunes, à la demande de A.-S. Vigot, responsable des fouilles qui se sont achevées en 2008 (société Évéha).

Étude de pièces d’architecture de la collection privée des Maristes à Lyon
– Depuis mars 2012 : étude des pièces d’architecture exhumées dans les années 1960-1970 et qui sont conservées dans l’établissement scolaire des Maristes à Lyon.

Études de monuments de Vienne (Isère)
– Observations architecturales sur les « arcades du forum » de Vienne, sous la direction de M. Zannettacci (Service Archéologique Municipal de Vienne). CDD avec la ville de Vienne du 8 octobre au 16 novembre 2007 et du 13 décembre 2007 au 9 janvier 2008. L’étude n’est pas achevée et pourrait se poursuivre par l’analyse des membra disjecta découverts lors du dégagement de l’édifice.

– Recherches sur le théâtre et le sanctuaire du mont Pipet dans le cadre de l’atlas topographique de Vienne.

ANR sur le décor architectural romain
2010-2012 : recherche sur le décor architectural dans le cadre d’un projet ANR sur l’ornementation, dirigé par D. Tardy.

Projets Collectifs de Recherche
– Depuis 2002: membre du PCR sur l’Atlas Topographique de Lyon.
– Depuis avril 2008 : membre du PCR sur l’Atlas Topographique de Vienne.

Mission d’étude sur l’odéon de Domitien avec l’Ecole Française de Rome
Du 21 janvier à début mars 2008 et au printemps 2010 : recherches sur l’odéon de Domitien réalisées dans le cadre du projet ANR « Piazza Navona » organisé par l’Ecole Française de Rome et coordonné par J.-F. Bernard (architecte de L’EFR).

Études de matériel intégrées dans un rapport de fouille ou avis scientifiques
Voir les Publications.

Recherches en cours sur plusieurs édifices publics de Lyon, qui font suite à mes travaux de thèse et qui feront l’objet de publications.

AUTRES ACTIVITÉS :
– Rapporteur pour la RAE.

– Membre de deux jurys pour le recrutement d’un MCF à l’Université (Lyon 2, 2011 ; Grenoble, UPMF, 2012).
– Membre d’un jury pour le recrutement d’un architecte ingénieur de recherche au CNRS (IRAA) (2011).

 

5. Jeudi 26 mars 2015

Les images dans l’antiquité tardive : la fin des statues
par Caroline Michel D’Annoville,
Maître de conférences en Histoire romaine

Sa thèse « Recherches sur les statues et leurs fonctions dans le monde romain occidental (IVe siècle après  J.-C.-Ve siècle après J.- C.)  traite des changements dans la façon de percevoir la sculpture. Une manière d’approcher  les mentalités mais aussi les cadres politiques et religieux d’une société romaine tardive en mutation.
Caroline Michel d’Annoville, archéologue, est agrégée d’histoire, membre de l’École française de Rome et docteur en histoire romaine.

6. Jeudi 9 avril 2015

Pratiques funéraires à l’époque romaine dans le Midi de la Gaule
par Valérie Bel,
Archéologue, INRAP, Centre archéologique de Nîmes

Que faisaient-on des morts dans la Gaule romaine ? Comment se déroulaient les rites funéraires ? A ces questions fondamentales, le volume thématique de Gallia auquel a participé Valérie Bel fournit des réponses factuelles pour un large territoire : le centre et le sud-est de la Gaule (régions Rhône-Alpes et vallée du Rhône, Languedoc-Roussillon, Provence, secteur de Toulouse, le Massif central – Auvergne et Aveyron – et la partie orientale de la région Centre). Cette étude rassemble et analyse la connaissance archéologique disponible, faisant appel aux sources documentaires les plus récemment découverts. Les auteurs traitent de l’ensemble des pratiques funéraires de la société gallo-romaine du IIe s. av. J.-C. au IVe s. ap. J.-C., en adoptant une démarche qui tient en deux points : l’examen des faits dans leur continuité, pour en retracer l’évolution diachronique, et une tentative de restitution des gestes funéraires dans l’ordre le plus probable de leur déroulement, de manière à replacer les usages dans une conception dynamique. La pratique de l’inhumation et de la crémation, l’organisation des espaces funéraires sont étudiées successivement. Enfin, un chapitre conclusif tente de dégager des modèles et de réaliser l’interprétation socioculturelle du système funéraire. Il interroge notamment les processus de changement et l’impact des valeurs politiques, religieuses et sociales de l’époque romaine sur les pratiques.

 

7. Jeudi 23 avril 2015

Les ports antiques de Narbonne : bilan des découvertes récentes
par Corinne Sanchez,
Chargée de recherche au CNRS, Archéologie des sociétés méditerranéennes (Lattes/Montpellier)

A partir de 2005, un projet de collectif de recherche, réunissant l’État (DRAC et DRASSM, le CNRS, l’INRAP et l’Université Montpellier 3), a entrepris de retrouver la topographie portuaire de Narbonne antique. Les fouilles entreprises ensuite,  dans le secteur du Castelou et de Mandirac, ont livré des données essentielles sur l’embouchure de l’Aude. Large d’une cinquantaine de mètres pour une profondeur de 3,50 m minimum, le cours du fleuve antique, l’Atax,  est encadré par deux jetées aménagées dans le troisième quart du Ier siècle de notre ère. D’une emprise de 15 à 25 m, elles sont réalisées à partir de l’apport de mètres cubes de matériaux et de milliers de pieux en bois qui viennent renforcer leurs berges. C’est sur ce système de quais que s’organisent le déchargement des bateaux à fort tirant d’eau et le transfert des marchandises sur des barques ou des charrettes qui assurent le lien avec la cité.
À partir du IVe s. de n. è., de nouveaux travaux sont nécessaires pour consolider cette embouchure, mise à mal par un fleuve impétueux. Les réfections de l’Antiquité tardive y sont monumentales, avec l’apport de très nombreux blocs provenant des principaux bâtiments urbains utilisés pour surélever et consolider les quais. Une épave, probablement endommagée lors d’un épisode climatique ayant endommagé également la berge gauche du fleuve, a été utilisée comme caisson pour la réfection de cette berge.

Depuis 1992, Marie-Pierre Jézégou est ingénieure d’études au Département des Recherches Archéologiques Subaquatiques et Sous-Marines (DRASSM), Depuis 1979, elle a dirigé de nombreux chantiers de fouilles sous-marines en Languedoc-Roussillon et en PACA. Ses dernières opérations ont porté sur la fouille d’une épave antique chargée de produits verriers (verre brut, vaisselle et verre à vitre) située au large des Embiez par 55 m de fond. Depuis 2005, elle co-dirige avec Corinne Sanchez (Chargée de Recherche au CNRS, UMR 5607, Université Bordeaux 3) un projet collectif de recherche intitulé « Le système portuaire narbonnais, entre Méditerranée et Atlantique du IIe siècle avant notre ère au Bas Empire ». Ce projet qui s’inscrit dans une thématique axée sur l’héritage culturel des ports et des centres commerciaux localisés sur les anciennes routes maritimes méditerranéennes a pour objet l’étude de la topographie portuaire dans un contexte d’évolution environnementale et de l’activité économique de la cité antique de Narbonne.