Albert Ogien, directeur de recherche au CNRS

Nous sommes entrés dans une nouvelle ère du politique dans laquelle les citoyen.ne.s ordinaires se gênent de moins en moins pour faire irruption dans la vie politique de leur pays afin d’imposer, par leurs propres forces, une orientation différente à la manière dont les affaires publiques y sont prises en charge par leur gouvernement et les formations qui le soutiennent. Les manifestations de cet activisme sauvage se multiplient de par le monde : conquête du pouvoir par des “mouvements”, insurrection civile en Algérie, grèves lycéennes pour le changement climatique en Europe, mouvement des Gilets Jaunes en France, révolte populaire au Soudan, campagnes de désobéissance civile des militants environnementalistes, soulèvement à Hong-Kong.

Cette conférence analysera cette manière de reconstruire la politique à partir de l’égalité entre professionnel.le.s et profanes de la politique qui caractérise la manière dont la question démocratique se pose aujourd’hui.

Albert Ogien est directeur de recherche émérite au CNRS et enseignant à l’EHESS. Il travaille sur la transformation de l’ordre du politique par les techniques de management fondées sur la quantification de l’action publique (L’Esprit gestionnaire, 1995 ; Désacraliser le chiffre, 2013). Depuis dix ans, il mène, avec Sandra Laugier, une enquête sur l’expérience de la démocratie, en analysant les actes de désobéissance civile (Pourquoi désobéir en démocratie? 2010), la vague d’occupations de places (Le Principe démocratie, 2014) et l’intervention de la « société civile » en politique (Antidémocratie, 2017).